3e et dernière semaine de mission

(English version here)

Poursuivez l’aventure avec nous, à bord du M/V Silver pour cette mission humanitaire en Papouasie-Nouvelle-Guinée avec le partenariat du Gulf Christian Services

Jour 20 : Lundi 29 avril

Akoma et Ikinu Village

Le nom du village signifie « compter les hommes », il est issu des pratiques ancestrales de s’arrêter là après les batailles inter tribales pour compter les survivants. Le village a été établi dans les années 50 par le peuple Koriki. Les Korikis retracent leurs origines à une époque où deux frères sont séparés et mis en quête de nouvelles terres et ressources pour installer leurs familles respectives. Cette séparation est attribuée à des combats tribaux avec des outsiders.

La terre est tenue par les hommes de manière patrilinéaire, elle se transmet de père en fils. Les femmes sont tenues de se marier en dehors du clan pour produire les héritiers de la terre, il leur est interdit de se marier à l’intérieur car cela provoquerait des problèmes d’héritage. Deux groupes de femmes existent dans le village, organisées autour des activités ecclésiastiques. Le rôle principal des femmes est de faire le Sago, suivit de la pêche, de l’élevage et de la collecte des coquillages. Le sago arrive en numéro un parce qu’il connait une forte demande et parfois il y a un manque de cette subsistance dans certains villages. Habituellement les hommes coupent les arbres et les transportent par voie fluviale en faisant flotter les troncs, les femmes s’occupent du reste du processus. Lorsque les hommes manquent, elles s’occupent de l’ensemble du processus. L’âge du mariage est évalué entre 16 et 21 ans.

L’évangélisation dans les années 40 est la cause de la disparition d’une bonne partie de l’héritage culturel, ce que regrettent amèrement les anciens, privant la population de la vigueur culturelle nécessaire à leur survie, provoquant la mort de beaucoup d’habitants. La croyance que les sorciers maitrisaient les crocodiles a, selon eux, entrainé la résurgence de la crainte de ces animaux posant une menace physique et psychologique constante aux villageois.

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Le village d’Akoma nous présente un accueil humide, l’accostage du bateau se fait dans une zone marécageuse comblée par des grumes immenses sur lesquelles nous marchons en équilibre glissant. Françoise en fera les frais, heureusement sans dommage hormis un pantalon boueux et malodorant.

Nous nous installons dans le centre médical. Un deuil dans le village rend les rues calmes et la population rare y compris à la consultation. Bref nous ne verrons pas grand monde aujourd’hui. L’autre village qui devait se joindre à nous n’a été averti que ce matin…

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Qu’à cela ne tienne, nous irons là-bas… C’est un peu peine perdue, la plupart des habitants sont à leurs activités chasse, pêche, nature…

Nous restons une bonne heure, installés sous un arbre au niveau de la berge. Durant ce maigre intervalle, nous est amené un enfant qui s’est accidentellement mutilé avec un couteau. Un malheureux coup dans la cuisse, assez profond tout de même. Ah les enfants qui se promènent avec des sabres et des couteaux ! Ils sont légions un peu partout.

Le retour en bateau est marqué par la rencontre avec un crocodile tranquillement installé sur la berge. 

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Jour 21 : Mardi 30 avril

Un mot sur le Sago ou Sagou, c’est un féculent issu du tronc du Sagoutier (espèce de palmier). C’est un des aliments de base dans cette province. Elle procure essentiellement des lipides, pas de protéines, pas de graisses, pas de vitamines ou minéraux. Une farine en est extraite en abattant l’arbre et en l’écorçant. C’est normalement le travail des hommes. Les femmes pilent ensuite le cœur du tronc à l’aide d’herminettes ou de marteaux en bambou. Il est ensuite récupéré sous forme de pâte après filtration et décantation.

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L’installation ce matin est plutôt précaire pour certains d’entre nous. Comme souvent, le centre médical est un peu étroit, nous y logerons seulement la vaccination et les consultations gynécologiques. Le dentiste est relégué dans la salle des professeurs de l’école toute proche. Les autres en revanche, c’est-à-dire les consultations et pansements, iront sous le centre médical pour se protéger du soleil et de la pluie… un vrai temps de breton. Et c’est là que ça devient cocasse. Les planches sont mal jointes et les gens qui marchent au-dessus de nos têtes expédient sur la notre le sable sous leurs pieds, sans compter le plafond à hauteur de Papou. C’est-à-dire que je me cogne la tête ou marche courbé. Mais ce n’est pas tout, nos collègues à l’étage mangent sur nos têtes et on reçoit à l’avenant… un peu de jus de coco, le jus d’une boite de thon qui a échappé des mains de son propriétaire… Shampoing magique.

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Les consultations se tarissent plus tôt que prévu, nous aimerions donc aller faire l’autre village qui n’a pas été contacté. Il nous reste suffisamment de temps pour travailler au moins 3h… Mais le départ de l’équipe de Kapuna est prévu demain. Il est donc décidé de renter au Silver Star pour refaire tous les cartons de médicaments qui seront ramenés à l’hôpital de Kapuna par l’équipe.

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Jour 22 : Mercredi 1er mai

Pas de jour férié pour nous, d’autant que c’est notre dernier jour de travail. Un tout petit jour, nous ne travaillerons que quelques heures ce matin dans l’école vide. Il faut pousser les pupitres. Le planning familial occupe une salle vide à côté d’une classe en plein cours, la notion d’intimité est toute relative ici. Comme durant toute cette mission, la marée décide pour nous. Le Silver Star doit remonter le bras de la rivière Kikori sur laquelle nous sommes pour reprendre le bras de la Purari. Or, la confluence des deux rivières est soumise à la marée, et ici les marées sont diurnes. Cela signifie qu’il n’y a qu’une marée haute et une marée basse par jour. Donc si on loupe le coche, on est coincé pour 24h. Il en sera de même demain pour sortir du fleuve Purari pour gagner la pleine mer et rentrer à Port Moresby. Nous pensions travailler jusqu’à jeudi voir vendredi et rentrer en avion sur Port Moresby mais ce dernier est en panne. On doit donc stopper plus tôt car nous avons entre 48 et 72h de navigation selon notre réussite des passages cités précédemment.

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Nous rentrons donc au bateau pour dire au revoir à nos collègues de l’hôpital de Kapuna, ils repartent chargé de 2m3 de médicaments, commande de l’hôpital que nous avons acheminé. 

Le Silver star remonte l’ancre, direction le nord. Le passage de la confluence se passe sans encombre. Il est déjà arrivé que des bateaux restent bloqués 2 semaines ici à attendre que les coefficients de marée soient suffisant pour déséchouer les bateaux! On comprend mieux pourquoi on nous a pressé de quitter la zone. On mouillera sur la Purari pour la nuit.

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Jour 23 : Jeudi 2 mai

Journée de navigation aujourd’hui pour descendre la Purari River, on vous partage donc uniquement quelques photos de paysages.

Le capitaine nous informe que nous tenterons de passer ce soir l’estuaire de la Purari. Les coefficients de marée sont en train de remonter. Il nous annonce 2,60 m de profondeur au plus haut de la marée pour un bateau qui affiche autour de 2m de tirant d’eau… Ça se tente donc. Sinon, il faudra attendre demain soir pour passer (3,10m de profondeur annoncée).

À 18h, nous sommes donc tous à la passerelle pour surveiller les vagues qui se rapprochent et le sondeur. La profondeur diminue progressivement et nous franchissons la passe avec 0,7m de marge… gros soulagement de toute l’équipe. Par contre la mer est bien formée, ça tape, ça grince, et surtout ça gite et tangue. Le M/V Silver star est une barge haute sur l’eau et avec un faible tirant d’eau : le parfait bateau en rivière et le pire pour la mer… Nous partons nous allonger pour une durée de … 20h. La position debout est plus qu’aléatoire à tenir et surtout la nausée nous accroche. Seule la position allongée est tolérée.

À demain, certainement en meilleure forme!!!

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Jour 24-25 : Vendredi 3 mai et Samedi 4 mai

La nuit a été mouvementée, tout comme la journée. Il faudra attendre d’être en approche de Port Moresby (les 2 dernières heures) pour avoir une mer plus calme. On a alors pu reprendre un peu de force et préparer nos bagages.

Nous débarquons vers 16h au Port pour tanguer de nouveau! Le mal de terre se joue de nous! Dans quelques heures et après une nuit de sommeil nous retrouverons notre équilibre 😉

Le hasard fait bien les choses: au dîner, Marine croise dans l’hôtel, le directeur de l’hôpital de Kavieng avec qui elle a travaillé sur les 2 précédentes missions. Un petit déjeuner demain matin est organisé pour avoir plus de temps pour échanger avec lui. Le samedi sera aussi l’occasion de passer à l’hôpital voir les patients que l’association a aidé :

– La jeune fille avec son problème cardiaque a pu être hospitalisée et oscultée, malheureusement son état est trop avancé, aucune intervention ne pourra la sauver. Nous la quittons donc beaucoup de tristesse. 

– La petite fille avec sa  fente palatine est bien arrivée aussi, elle attend d’être vu par un spécialiste.

– Un autre patient avait également fait le voyage pour des troubles psychiques, après de nombreux coups de fil et A/R à l’hôpital, tous les documents ont pu être rassemblé pour qu’il soit admis à l’hôpital pychatrique de Laloki à proximité de Port Moresby. Il est malheureusement plus en sécurité ici qu’au village où sa vie était en danger. Dès qu’il sera stabilisé avec un traitement, il pourra rentrer.

Nous partons demain matin de Papouasie, avec toujours l’envie de revenir pour soigner cette population attachante et qui a besoin de soin. 

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